Session 4 – De l’image de synthèse à la synthèse d’image : la disruption du sensible
17 décembre
10H-12H30
Un regard sur la création, sur ce qui ne sont plus des images de synthèse mais des vecteurs d’images et au-delà sur un synthèse imaginative soumise au calcul qui disrupte toutes les pratiques artistiques et les métiers créatifs. Traçabilité, nouvelles licences libres, « LLM vertueux », quelles perspectives pour l’enseignement ? Comment appréhender la nouvelle articulation des facultés d’apprentissage (mémorisation, interprétation, contemplation) et la création de nouveaux outils pour l’éducation tels que nous le propose les services libres de la digitale ?
Intervenants
Peter Szendy, philosophe — L’image-moyenne
- Comment reprendre et poursuivre, dans le contexte de la généralisation des intelligences artificielles, le projet d’une analyse de l’« industrialisation de l’imagination », tel que le proposait Bernard Stiegler (La Technique et le temps, III) ? On esquissera l’hypothèse que, encore une fois, c’est une relecture de la question de l’imagination chez Kant qui serait susceptible de constituer un point de départ. L’image moyenne, l’image flottante, telles que Kant les évoque brièvement, pourraient bien faire signe, d’avance, non seulement vers ce que Francis Galton appellera, un siècle plus tard, une « statistique visuelle », mais surtout vers l’idée d’un espace latent au sein duquel toute formation imageante est un précipité de probabilités. Une image ne serait dès lors que le mouvement provisoirement arrêté de son rapprochement avec d’autres images possibles, sa tension (sa néoténie, dira-t-on avec Gilbert Simondon) qui la porte vers elles.
Anaïs Nony, philosophe — Pour une écologie des images régénératives
Valérie Cordy, La Fabrique de Théâtre; Caroline Zeller, artiste
Farah Khelil, artiste — Solitude peuplée : Éloge du paradoxal
- La solitude peuplée définit spécifiquement l’internaute. Cette posture de l’internaute face à l’interface du réseau. Cet individu qui joue des images et des énoncés à travers une digitalité discursive, animée par une poétique paradoxale d’être à la fois ici et là, seul et activement en relation avec les autres. Cet individu seul derrière une interface de communication et d’information de masse, s’ouvre simultanément par les sens sans corps à une espèce d’espace peuplé. « Il est impossible, je m’en rends compte, de pénétrer la solitude d’autrui », écrit Paul Auster dans L’invention de la solitude (1982). Je me suis intéressée à l’idée que les pensées sont invisibles par d’autres, que la tête est un trésor plein de représentations et de rêves qui reposent enfermés en soi, que les réflexions produisent un livre que nul ne peut lire avec soi depuis l’extérieur, que les idées et connaissances n’appartiennent qu’à soi, sont transparentes pour soi-même, impénétrables pour d’autres, et que seul le langage et les gestes permettent de traduire (et trahir) cet état de solitude. Cela s’exprime également lorsque nous vivons l’expérience du hors ligne, de la déconnexion et de l’isolement. Lors de cette conférence, je propose de présenter une série d’œuvres qui mettent en forme cette intimité panoptique, en particulier le projet Plateau réalisé en 2017 et qui se base sur le match historique du jeu de Go entre Lee Sedol et AlphaGo. Puis, le projet Offline_screenshot, que j’ai démarré en 2019. Je propose d’exposer ces créations-recherches à travers lectures, gestes et images qui les constituent afin de réfléchir à cet état de contradiction, d’être à la fois présent et absent, actif et passif, seul et collectif.
Hito Steyerl, artiste
- What different kinds of synthesis can be discerned within different modes of ML-based image production? Hito Steyerl will talk about different audiovisual works that engage different kinds of ML-technology as well as socio-economic contexts to distinguish different kinds of synthesis; from averaging to wave form superposition.
