Session 2

Session 2 – Analyse, synthèse, imagination : questions épistémologiques


16 décembre

14H-16H30

Une perspective philosophique et épistémologique : qu’est-ce que la synthèse dans le champ biologique par exemple dans le contexte de la photosynthèse ? Inversement et dans une perspective kantienne, la synthèse n’a-t-elle pas toujours été « artificielle » ? Comment la perspective contributive et la question des catégories peut-elle encore être une voie de dialogue avec les IA ? Quelle analyse historique sur cette évolution et quel nouveau regard sur l’informatique théorique dès lors que les approches symboliques et statistiques se combinent ? Comment les produits de synthèse peuvent-ils être recontextualisés à leurs sources, à leurs méthodes d’analyse, et à la contribution humaine comme le propose Jaron Lanier ? Peut-on designer des outils de synthèse pas seulement pour des individus mais surtout pour des groupes ? Quelle écologie des milieux synthétiques ?

Intervenants

Maël Montévil, ENS-CNRS — De la fonction du processus de synthèse

  • Nous analysons la fonction de la synthèse en partant de la production des connaissances en examinant ses opérations ainsi que ses dysfonctionnements contemporains. La montée d’un empirisme computationnel — fondé sur les protocoles standardisés, la production de données et la pression à publier — marginalise le travail théorique et empêche l’émergence de nouveaux cadres conceptuels. À partir du cas de la biologie, nous montrons que l’activité synthétique ne subsiste principalement que dans les articles de revue, nécessairement conservateurs, ce qui conduit à l’accumulation de contradictions et à la prolifération de métaphores et de concepts zombies. Nous identifions ensuite les conditions matérielles et organisationnelles de la synthèse, en mobilisant l’analogie des systèmes vasculaire et nerveux pour décrire l’intégration des processus locaux en unités globales cohérentes. Enfin, nous caractérisons la synthèse comme un processus anti-entropique, producteur de singularités fonctionnelles et garant d’une unité épistémique ; son érosion favorise le morcellement intellectuel et l’incohérence institutionnelle.

Michäel Crevoisier, Un. de Franche-Comté — La synthèse créatrice de l’imagination : Kant, Simondon, Stiegler

  • Nous prêtons généralement à l’imagination le rôle spécifique de l’opération de création, c’est-à-dire de production de nouveauté. Dans quelle mesure cette opération procède-t-elle de conditions techniques, et y’a-t-il un sens à considérer qu’il soit possible de la déléguer à une machine, notamment, aujourd’hui, à une « IA générative d’images » ? En remontant à la distinction kantienne entre imagination reproductrice et imagination créatrice, nous proposons d’interroger l’importance des conditions techniques dans l’opération créatrice de l’imagination. Nous suivrons les relectures de Kant par Simondon, Derrida et Stiegler qui déconstruisent cette distinction kantienne et ouvrent ainsi la possibilité d’une prise en considération de l’évolution technologique dans l’élaboration du problème de la synthèse du nouveau.

Pierre Saint-Germier, IRCAM — Comprendre la synthèse musicale à l’âge des modèles génératifs profonds

  • L’utilisation de modèles neuronaux profonds, à la différence des modèles génératifs symboliques ou statistiques, soulèvent des questions particulières de compréhension, d’interprétation, et d’explication. Pour des raisons intrinsèques liée à l’architecture des modèles profonds, il est extrêmement difficile de comprendre comment ils font ce qu’ils font, de donner un sens précis à leurs paramètres, et à expliquer pourquoi ils génèrent telles séquences plutôt que telle autre. Le but de la présentation sera de clarifier la nature de ces problèmes et les enjeux spécifiques qu’ils soulèvent pour la synthèse de musique à proprement parler.

Mathieu Triclot, UTBM — Archéologie de la synthèse artificielle

  • L’objet de cette communication est d’explorer une multiplicité de formes de la synthèse artificielle dans le champ de l’informatique, et singulièrement de l’intelligence artificielle au cours de l’histoire longue de ce paradigme. Il s’agira d’abord de spécifier les conditions épistémologiques dans lesquelles la notion de synthèse artificielle se présente comme un problème pertinent, avant de revenir successivement sur plusieurs modèles de synthèse dans la cybernétique ou dans la symbiose homme-machine, pour les confronter à la situation actuelle des modèles génératifs. 

Marie-Claude Bossière, pédopsychiatre — Synthèse et analyse en psychiatrie