Session 4 : Le droit au temps dans la ville du futur
Mardi 30 novembre – 09h30-13h00
La surabondance des magasins (de café, de vapotage, de malbouffe) alimente les dépendances sur lesquelles nous comptons pour absorber les chocs environnementaux ou simplement pour tenir, grâce au « shopping » tard dans la nuit. Le bombardement constant de la publicité ciblée et l’élimination des espaces verts contribuent à ce que les modèles actuels d’organisation sociale et de vie en ville soient indissociables des dynamiques d’épuisement. Alors que le temps « libre » a ainsi été transformé en une autre forme de travail, ou de préparation au travail, nous avons vu à travers le confinement – en particulier dans les villes où la population dense a créé des foyers d’infection – que le temps vide, capté par les nouveaux « métavers » peut également devenir toxique. Comment faire de nos villes des sphères immunologiques qui nous revitalisent, au lieu de nous laisser épuisés et vulnérables ? En partant du regard des artistes, des designers, des architectes et notamment de la pensée visionnaire de Paul Virilio, cette session ouvre une réflexion sur une ville intermittente, une alternative à la smart city sans déconnexion, une « nouvelle banlieue » qui apprend à composer numérique et citoyenneté.
Interventions :
Noel Fitzpatrick – TU Dublin
Jean Richer – Atelier de Recherche Temporelle
La ville surexposée
Par sa dimension haptique, l’architecture apporte à l’homme la mesure du monde. En nous appuyant sur un texte prémonitoire de l’urbaniste et essayiste Paul Virilio — daté de 1983 et intitulé La ville surexposée —, nous allons plonger l’architecture dans l’archéologie des médias, regarder le vitrail comme origine de l’écran, traverser des villes cyberpunk et entrer dans le métavers en constitution, où l’accélération technologique finit de déréaliser la tectonique qui portait jusqu’à présent nos pas. Ce passage du numineux, au lumineux puis au numérique — que Paul Virilio voyait comme une incarcération — semble porter une atteinte fatale à l’espace vécu et, par là, à notre appréhension de la mesure du monde. À moins que le médium architectural soit capable d’articuler dans le monde virtuel une économie des dimensions, entre matérialité et immatérialité ?
Laurent Le Bon – Centre Pompidou
Makan Fofana & Hugo Pilates – Banlieue du turfu
L’élasticité du temps turfurique
Trouver le temps de rêver en temps réel n’est pas chose facile… Le TURFU agit en dilatant l’espace-temps banlieue, il est l’invention nouvelle d’une méta-grammaire où l’argot et le verlan deviennent plus que des détournements swag de la langue. La Banlieue du TURFU s’approprie régulièrement de nouveaux outils entre numérique et physique, possible et potentiel, pour permettre une réflexion disruptive sur les imaginaires de la banlieue dans le monde.
Leur présentation proposera un tour d’horizon de leurs expérimentations avec le prototypage numérique dans Fortnite, Miro, Minetest, ou Gather et comment cela donna lieu à la série d’ateliers qu’ils organisent à la Gaité Lyrique sur les Agoravers.