Session 3

Session 3 : Chocs et résilience : gestion de crises dans une société intermittente

Lundi 29 novembre – 17h00-19h30

Comment pouvons-nous gérer la fréquence croissante des événements imprévisibles (de type « cygne noir ») qui deviennent aujourd’hui la nouvelle norme ? Devons-nous envisager un démantèlement actif des infrastructures et institutions qui sous-tendent notre culture de la connexion 24h/24h, 7 jours sur 7 ? Les modèles conventionnels de résilience ont tendance à mettre l’accent sur la nécessité de s’adapter au changement, notamment aux changements imposés par le marché, même lorsqu’ils nous poussent au-delà du point de rupture. Ce modèle ne tient pas compte de la façon dont nous, les êtres non-inhumains par intermittence, répondons aux perturbations environnementales, à savoir en participant à la construction (ou à la « normalisation ») de nos propres milieux. Nous considérerons ici des modèles alternatifs de résilience basés sur la localité et la diversité mais aussi sur la capacité de « fermeture » pour insuffler un autre rythme à notre démocratie et redonner du pouvoir de faire.

Interventions :

Sara Baranzoni et Paolo VignolaUniversidad de las Artes

État d’exception ou état de fait ? Une question d’intermittences.

Face à la question relative à une sorte d’état d’exception à l’oeuvre dans la gestion biopolitique de la syndémie, question qui a animé une bonne partie des discours philosophico-politiques dans les dernières deux années, on propose une bifurcation thématique basée sur la tension analysée par Bernard Stiegler entre « état de fait », engendré par la disruption technologique néolibérale et donc en réponse à un (état de) choc socioculturel, et « était de droit », à savoir l’instauration d’une nouvelle époque des savoirs – et donc d’une nouvelle volonté politique censée d’adopter les technologies actuellement disruptives en fonction de l’émancipation sociale et du développement de nouveaux cadres épistémologiques. De ce point de vue, on affirme que le problème de notre présent n’est pas celui de l’état d’exception, mais plutôt de l’état de fait comme résultat du calcul sur les conséquences d’un ou plusieurs états de chocs, comme par exemple le choc de la pandémie d’un côté, et du screen new deal de l’autre côté. Autrement dit, si un état d’exception peut exister – caché ou déclaré, latent ou effectif – on retrouve toujours derrière lui un état de fait, pour la persistance et le fonctionnement duquel l’état d’exception a été instauré. 


Si, comme Stiegler l’a affirmé à plusieurs reprises, le passage à l’état de droit implique toujours l’activation des intermittences noétiques, c’est-à-dire des projections oniriques dans l’espace ouvert des possibles par rapport à l’état de fait, qui est le nihilisme contemporaine comme élimination algorithmique des diversités, des singularités, des intermittences et finalement des exceptions, et qui se produise aujourd’hui à travers du data et dopa mining, on essaye de montrer la dynamique anti-intermittente et extractiviste à l’oeuvre dans cet état de fait contemporain. Dans ce sens là, tout comme pour Deleuze il y avait une image dogmatique de la pensée sur le plan théorétique, qui réfléchit (et qui se réfléchit dans) une image sociétal (d’État) de la pensée sur le plan que Mille Plateaux avait défini noologique, nous croyons pouvoir détecter sur ce même plan une image extractiviste de la pensée. C’est l’image de l’état de fait établi par l’économie politique courante, s’il est vrai que la logique extractiviste a été au même temps parmi les causes sociales et naturelles de la syndemie, ainsi comme la grande protagoniste des solutions technosociales qui ont été mises en oeuvre par tout dans le monde.

David DjaïzSciences Po

Un nouveau modèle Français ?

Alexandre MonninESC Clermont BS

Technique et Fermeture : pour une politique radicale des attachements.

Cette intervention entend examiner la place qu’occupent la technique au regard d’attracteurs contemporains tels que la Planétarité, le Terrestre et le Global. Un certain nombre de positions idéologiques seront ainsi comparées en fonction de leur situation vis-à-vis de ces trois opérateurs. L’élément central permettant de les distinguer n’est autre que leur rapport aux techniques. Nous proposons de dépasser la difficulté à politiser les enjeux techniques et planétaires en ayant recours au concept de communs négatifs et à la notion d’attachements. Pour que la radicalité ne rime plus avec puérilité ou tentation du fascisme.

Patrick BouchainSpatial Agency

Faire selon la règle sauf s’il faut faire autrement !