18 décembre
14H-16H30
Session 2 – Production et reproduction : l’industrie et le vivant
Si l’industrie produit, le vivant se reproduit, mais cette différence n’est-elle pas mise à mal alors que l’agriculture est devenue industrielle et que se pose la question d’une écologie de l’industrie ? Qu’est-ce donc que produire de l’artisanat à l’industrie, et, en biologie, de l’autopoïèse à la reproduction ? Plus encore, ne devons-nous pas repenser la question de la production alors que nos productions mettent à mal le vivant, y compris nous-mêmes ? Session en prolongation des recherches menées au sein du projet Regeneraction.
Intervenants :
Marie-Claude Bossière, pédopsychiatre (IRI) – La créativité de l’enfant dans son environnement industriel
Dès le début de sa vie et dans son environnement, l’enfant immature finit de se produire lui-même. Il va produire sa relation au monde. Il y construit sa place. Il y produit des réalisations, en lien et en rapport avec son environnement somatique, affectif, et technologique. Plongé dans un contexte tout à fait singulier marqué par les apports multiples de son environnement, l’enfant développe d’abord sa créativité, sans normativité imposée, pour y développer ses propres normes. Mais le processus d’individuation a lieu dans un milieu marqué par l’industrie : chimique, numérique… avec une toxicité dont il nous faut prendre connaissance des effets sur son développement. Les majeurs que nous sommes arrivent-ils à protéger l’enfance du pouvoir des stéréotypes et des injonctions à la productivité que nous subissons tous ?
Maël Montévil, mathématique et biologie (Cnrs/ENS) – Qu’appelle-t-on produire ?
Les notions de production et d’industrie ont, contre leurs origines historiques, été confinées dans les deux derniers siècles à ce que l’on appelle le secteur secondaire, le secteur primaire étant, lui, dévolu à la matière dite première et qui regroupe pelle-mêle l’exploitation du vivant sauvage et domestique ainsi que l’extraction minière. Pourtant les fourmis sont bien – plus ou moins – industrieuses, le concept de reproduction est l’un des plus fondamental en biologie et même les processus physiques irréversibles produisent del’entropie. Le passage à l’échelle de ces différents types de production est néanmoins distinct – et cette question est centrale pour l’industrie. Alors que le champs et les acteurs de l’industrie se reconfigurent tant pour des raisons technologiques « qu’écologiques », il nous semble pertinent de repenser ce que signifie produire à l’aune tant de la physique que de la biologie et de la technologie.
Shaj Mohan, philosophe
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