Session 1

Session 1 :  Gestes et psychologie du jeu chez l’enfant

Lundi 18 décembre – 10h00-12h30

En considérant avec Donald Winnicott que les tout premiers gestes de l’enfant sont déjà un jeu avec la réalité, avec le monde, avec l’espace potentiel, comment pouvons-nous renouveler notre interprétation de ce qui se joue aujourd’hui avec ce que l’on ne nomme précisément plus des jouets, ni même des jeux lorsqu’il s’agit de véritables disrupteurs attentionnels, des nudges, ou des dispositifs de gamification exploitant notre système dopaminique ? Comment repartir des gestes premiers de l’enfant pour reconsidérer la place du geste dans le numérique, c’est-à-dire du mouvement dans un contexte où espace et temps se distinguent et soutiennent un désir de se projeter grâce à de nouvelles formes de réflexivité ou à travers de nouvelles interfaces gestuelles et sensorielles.

Marie-Claude Bossière (pédopsychiatre)

Jeu et développement chez l’enfant

Le jeu apparait très précocement dans la vie humaine, et il naît dans la motricité : «  Jouer, c’est faire », nous dit Winnicott, psychanalyste anglais. Le jeu devient ensuite la base de toutes les activités créatrices, le lien entre le moi et le monde extérieur, qui permet toutes les étapes psychologiques du développement humain. Comment faire la différence entre un objet qui garde une dimension transitionnelle et les objets numériques qui nous entourent et parfois envahissent notre psyché et notre attention? Quels risques ces objets numériques font-ils porter sur la motricité, les gestes, la rêverie nécessaire au jeu ?

Nadège Haberbusch (consultante en éducation, codirectrice et formatrice de l’association Les Enfants du jeu)

Lorsque les enfants jouent….

Nous savons que lorsque les enfants jouent un champ de possibles s’offre à eux à travers lequel ils explorent et expérimentent leur environnement matériel et relationnel à partir de leurs compétences et leurs singularités. Au fil de l’enfance, le jeu se transforme, se complexifie en prenant des formes différentes. Toutes contribuent à la socialisation et à l’expérimentation des codes sociaux et culturels dans un cadre insouciant, à part du réel tout en étant en lien avec celui-ci. Les enfants élaborent, seuls ou collectivement, des scénarii, des explorations, des expérimentations dans lesquels ils expriment leurs émotions et leurs idées, réelles ou imaginaires. Pourtant, le jeu semble tellement évident et aller de soi, qu’il n’occupe pas ou plus la place qu’il mériterait dans le quotidien des enfants et des adolescents, dans les lieux d’accueils et de loisirs, ni ne nourrit les réflexions des professionnels alors que, nous observons quotidiennement lors des accueils à la ludothèque ou lors des animations de la Ludomobile le besoin de jouer, voir l’avidité à jouer, des enfants et adolescents. Nous questionnons alors les conséquences de cette absence, réduction et transformation des pratiques de jeu via les écrans dans l’enfance et l’adolescence au sein d’une société, qui paradoxalement, se « ludifie », renforçant une confusion sur la nature du jeu. 

Morgane Balland (psychomotricienne)

En psychomotricité, nous nous intéressons à l’investissement du mouvement, au sens qu’il prend pour explorer le monde et au sens qu’on lui donne dans la relation à l’autre. Nous cherchons à décortiquer les lien entre l’activité psychique, les apprentissages, l’appréhension des émotions, et leurs expressions dans le corps via les mouvements (spontanés et involontaires dans les premières semaines et premiers mois de vie) puis au travers de la construction consciente et volontaire du geste. Comment alors le ludique, la relation et la mise en forme corporelle peuvent soutenir la construction du geste ? Et comment ces premières appréhensions de l’espace sont nécessaires au développement cognitif des êtres humains ?