Session 2

Session 2 : Information et signification, de la vie endosomatique à la vie exosomatique : entre calcul et incalculable, entre biologie et informatique

Mardi 22 décembre – 13h30-16h30

La notion d’information a été introduite en biologie à la suite de plusieurs événements scientifiques : la publication de la théorie mathématique de la communication de Shannon en 1948, la mécanisation de certains calculs avec la première implémentation d’une machine équivalente à celle de Turing (ENIAC) en 1945, et la découverte de la structure de l’ADN en 1953. Et pourtant, d’un point de vue théorique, le concept d’information demeure encore flou aujourd’hui : les biologistes se réfèrent à la fois à Shannon et à Turing, alors que les deux cadres sont fort différents. Surtout, le concept d’information tend à laisser croire que la compréhension du vivant pourrait être obtenue par le “décryptage” de l’ADN, qui donnerait sa forme à l’organisme. De même, dans la vie exosomatique, à l’époque de la génération automatique d’articles par les systèmes d’intelligence artificielle, certains tendent à penser que les textes et plus généralement les données auraient un sens intrinsèque, accessible par une mécanique calculatoire. Dans les deux cas, la notion d’information fait disparaître l’activité vivante au profit d’une interprétation mécanique des processus en jeu, sans que cette dernière ne soit justifiée ou même réellement élaborée théoriquement. Comment dépasser ce paradigme informationnel pour penser non seulement le vivant, mais aussi la forme technique de la vie et les nouvelles machines computationnelles qui constituent son milieu ambiant ?

Interventions :

Yuk Hui – Hong Kong University

The incomputable and the incalculable

Maël Montévil – IRI et IHPST, Université paris 1

Il faut qu’il y ait en biologie théorique un symbole tel qu’il empêche de calculer

Les notions de calcul et d’information sont utilisées de manière fort libérale en biologie, avec des prises de positions fortes telle que considérer que l’ADN contient un programme et que la pensée est un calcul. La physique donne un rôle plus modeste à ces concepts, car elle place les mathématiques plutôt que le calcul au centre de sa théorisation. Les physiciens entrés en biologie tendent néanmoins à imposer leur epistémologie sans prendre en compte la singularité de ce champs.

Nous montrerons qu’une approche différente de la biologie est possible, deman- dant des innovations épistémologiques, théoriques et formelles. Ici, c’est rôle des mathématiques qui devient plus modeste à cause de l’historicité du vivant. Ces innovations permettent de suggérer des directions pour repenser l’articulation entre informatique et mathématiques.

Jean Lassègue – CNRS LIAS & Giuseppe Longo – CNRS et ENS

Écriture, norme : sortir de l’ontologie du calculable & La nature, la société et l’ordinateur : de la connaissance à la gouvernance